Le 19 janvier, la Cour de justice de l’Union européenne a décidé que les Etats membres ne pouvaient accorder de dérogations à l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes.
Ces molécules insecticides font l’objet de législations strictes, leurs effets sur la nature étant aussi néfastes que leur efficacité avérée pour lutter contre les nuisibles. Une loi de 2016 a prévu en France leur interdiction à compter du 1er septembre 2018 avec possibilité de dérogations jusqu’en 2020. La commission européenne les a interdites en 2018.
En 2020 une épidémie sans précédent de jaunisse dans les exploitations françaises de betteraves sucrières a justifié l’ouverture d’une nouvelle dérogation de 3 ans pour cette culture uniquement.
La Cour de justice de l’Union européenne vient donc de décider que cette dérogation devait immédiatement cesser, alors que nous sommes à moins d’un mois et demi des semis. Les agriculteurs sont en colère, les agriculteurs sont inquiets.
Concrètement, nous prenons le risque que se reproduise la catastrophe de 2020 : en moyenne 30% de baisse de la production, certaines exploitations enregistrant des pertes à hauteur de 70%. Force est de constater qu’il n’existe pas encore d’alternatives efficaces à cet insecticide malgré les moyens déployés en recherche et développement via le plan national de recherche et d’innovation mis en place.
Le soutien à la filière est aussi une question de souveraineté : la betterave c’est la production de sucre, de bioéthanol et de gel hydroalcoolique.
Les agriculteurs de cette filière, en particulier dans la région du Grand Est, attendent du gouvernement une écoute et le Ministre de l’Agriculture les a rencontrés, mais ils attendent surtout des solutions à moins d’un mois et demi des semis. Comment éviter que les marchés français ne soient envahis de sucre de marchés étrangers contenant éventuellement des néonicotinoïdes ?
J’ai alerté, avec ma collègue Lise Magnier, le Ministre de l’Agriculture et je suivrai de près ce dossier. D’ores et déjà des dispositifs assurantiels sont étudiés afin de compenser les pertes dues à la jaunisse des betteraves.